La Bohème
(Jacques Plante et Charles Aznavour, cantada por Aznavour)
Je vous parle d'un temps
Que les moins de vingt ans
Ne peuvent pas connaître,
Montmartre en ce temps-là
Accrochait ses lilas
Jusque sous nos fenêtres...
Et si l'humble garni
Qui nous servait de nid
Ne payait pas de mine,
C'est là qu'on s'est connu,
Moi qui criait famine
Et toi qui posais nue.
La bohème, la bohème,
Ça voulait dire on est heureux...
La bohème, la bohème,
Nous ne mangions qu'un jour sur deux...
Dans les cafés voisins
Nous étions quelques-uns
Qui attendions la gloire,
Et bien que miséreux,
Avec le ventre creux,
Nous ne cessions d'y croire,
Et quand quelque bistro,
Contre un bon repas chaud,
Nous prenait une toile
Nous récitions des vers
Groupés autour du poêle
En oubliant l'hiver.
La bohème, la bohème,
Ça voulait dire tu es jolie ...
La bohème, la bohème,
Et nous avions tous du génie...
Souvent il m'arrivait
Devant mon chevalet
De passer des nuits blanches,
Retouchant le dessin,
De la ligne d'un sein,
Du galbe d'une hanche,
Et ce n'est qu'au matin
Qu'on s'assayait enfin
Devant un café-crème
Épuisés mais ravis!
Fallait-il que l'on s'aime
Et qu'on aime la vie
La bohème, la bohème,
Ça voulait dire on a vingt ans...
La bohème, la bohème
Et nous vivions de l'air du temps
Quand au hasard des jours
Je m'en vais faire un tour
À mon ancienne adresse
Je ne reconnais plus
Ni les murs, ni les rues
Qui ont vu ma jeunesse
En haut d'un escalier
Je cherche l'atelier
Dont plus rien ne subsiste,
Dans son nouveau décor
Montmartre semble triste
Et les lilas sont morts.
La bohème, la bohème,
On était jeunes, on était fous ...
La bohème, la bohème
Ça ne veut plus rien dire du tout ...
(Montmartre)
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